Vincent Tourraine
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« Spook Country », de William Gibson

#critique #livre #William Gibson
Spook Country, photo Vincent Tourraine, CC BY-NC 4.0
Spook Country, photo Vincent Tourraine, CC BY-NC 4.0

Le retour de Blue Ant

Après mon billet du mois dernier consacré à Pattern Recognition, voici la suite ; car comme toutes les bonnes choses, cette histoire constitue en fait une trilogie. Spook Country revient donc avec certains personnages du livre précédent, mais il ne s’agit pas d’un prolongement direct du récit.

On retrouve Hubertus Bigend, le patron de la firme Blue Ant, qui agit toujours au second plan, tandis que le roman introduit cette fois trois personnages principaux. Hollis Henry est journaliste, Tito transmet des informations volées, et Brown le piste pour le compte d’une entité gouvernementale. L’histoire évolue donc au milieu d’activités clandestines, d’enquêtes et d’espionnages. Toujours le climat post 9/11 du livre précédent, mais vécu cette fois-ci à l’intérieur des États-Unis.

Les premiers chapitres laissent deviner une intrigue très semblable à celle de Pattern Recognition, en particulier avec le personnage d’Hollis. Mais le livre semble ensuite diluer sa narration au fil des chapitres, évitant de livrer une progression linéaire, pour cultiver les faux-semblants et l’incertitude pesant sur les protagonistes.

Cette approche rend le livre moins satisfaisant que son prédécesseur. L’auteur joue visiblement sur nos attentes, et préfère renforcer son travail sur l’ambiance et les thèmes du récit. Les romans de Gibson ne brillent pas vraiment par leurs intrigues, on ressent ici que cet aspect est volontairement délaissé. C’est un peu frustrant à la lecture, mais le climat du livre reste fascinant.

William Gibson, [photo pmonaghan](https://www.flickr.com/photos/pkmonaghan/6261789506), remix Vincent Tourraine, BY-NC-SA 2.0
William Gibson, photo pmonaghan, remix Vincent Tourraine, BY-NC-SA 2.0

Data IRL

Des trafiquants transmettent des informations confidentielles sur des iPods, pendant que des agents exploitent des traducteurs immigrés à coups d’anxiolytiques.

Au milieu de tout cela, William Gibson n’oublie pas de revenir le concept du cyber-espace auquel il avait donné forme 20 ans plus tôt. Alors qu’il donne une lecture du livre à sa sortie sur Second Life, l’auteur constate par la bouche de ses personnages que la réalité virtuelle a simplement pris sa place dans la vie de tous les jours.

Encore en 2015, entre les Google Glass et les Microsoft HoloLens, le monde rattrape son retard.

« We’re all doing VR, every time we look at a screen. We have been for decades now. We just do it. We didn’t need the goggles, the gloves. It just happened. Virtual Reality was an even more specific way we had of telling us where we were going. Without scaring us too much, right? »
(…)
« We’ll have internalized the interface. It’ll have evolved to the point where we forget about it. Then you’ll just walk down the street… »
William Gibson, Spook Country

Liens

Trilogie Blue Ant, billets de blog

  1. Pattern Recognition
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  3. Zero History