Vincent Tourraine
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Introduction à « Ghost in the Shell »

#Sci-Fi #livre #manga #film #série

Ghost in the Shell est une des franchises les plus reconnues de l’animation japonaise. L’adaptation cinéma américaine qui arrive ce mois-ci, produite comme un des grands blockbusters de l’année, sera l’occasion pour un très large public de découvrir cette œuvre. Avec les nombreux mangas, livres, films, et séries animées sortis depuis 1989, cela mérite bien une introduction.

TL;DR : commencez par le film Ghost in the Shell de 1995, puis regardez la série animée Stand Alone Complex.

Dans toutes ses itérations, Ghost in the Shell est centré sur la « Section 9 », une unité d’élite anti-terroriste. En particulier, le Major Motoko Kusanagi, une femme cyborg dans un monde où la plupart des habitants ont recours à des prothèses cybernétiques, et où les machines s’interfacent avec les cerveaux humains.

Manga : « The Ghost in the Shell »

Ghost in the Shell est avant-tout un manga, écrit et dessiné par Masamune Shirow entre 1989 et 1996. On y retrouve déjà tous les thèmes et les personnages de la franchise, mais avec une tonalité oscillant entre le sérieux d’une œuvre de science-fiction dure, et un certain comique qui sera très largement effacé des futures adaptations. Ce manga est publié en trois parties : The Ghost in the Shell, 2: Man-Machine Interface et 1.5: Human Error Processor.

The Ghost in the Shell (1989), image Kodansha
The Ghost in the Shell (1989), image Kodansha

On peut remarquer au passage que la franchise s’intitule 攻殻機動隊 au Japon, ce qui se traduit plus ou moins en « policiers anti-émeute en carapaces offensives ». Mais l’auteur a toujours préféré le titre anglais, une référence au livre The Ghost in the Machine d’Arthur Koestler.

Cinéma : « Ghost in the Shell » / « Innocence »

En 1995 sort la première adaptation sous la forme d’un long métrage d’animation, souvent qualifié de chef d’œuvre et/ou film culte. Le réalisateur Mamoru Oshii reprend les éléments du manga, mais pour se concentrer sur le questionnement de l’identité dans un monde de corps robotisés et d’intelligences artificielles. Son tour de force est d’incorporer ces réflexions philosophiques dans un film d’action musclé, qui bénéficie par ailleurs d’une forte identité visuelle. C’est beau, intelligent et exaltant. « The Matrix » est probablement le seul film comparable de cette qualité, ce qui n’est pas entièrement surprenant puisque les Wachowskis sont des grands fans du film d’Oshii.

PS : il existe une réédition du film intitulée Ghost in the Shell 2.0, contenant notamment de nouveaux plans en 3D. L’immense majorité des fans s’accorde à dire que cette version est à proscrire.

Ghost in the Shell (1995), image Production I.G
Ghost in the Shell (1995), image Production I.G

Après un tel succès, une suite était inévitable. En 2004 sort Innocence, a.k.a. Ghost in the Shell 2. Le film est notamment présenté en compétition au festival de Cannes, un signe de reconnaissance rare pour l’animation japonaise. Cette fois-ci, Oshii s’occupe de l’écriture en plus de la réalisation. Innocence conserve l’excellence esthétique et thématique du premier film, mais sous une forme plus contemplative. Plus cérébral, moins viscéral. C’est un film très intéressant, mais avec un ressenti bien différent du premier.

Série animée : « Stand Alone Complex »

Entre 2002 et 2005 arrive à la télévision japonaise une série animée de 52 épisodes en deux saisons. Ghost in the Shell: Stand Alone Complex suit les mêmes personnages, cette fois-ci avec un format d’enquêtes policières. Chaque épisode ressemble à une histoire courte de science-fiction, explorant les questions liées aux relations homme-machine, pour la société et pour chaque individu. Le résultat est tout à fait fascinant. Le format policier permet à Ghost in the Shell de retrouver un équivalent au rythme qui avait fait le succès du film original, et la nature épisodique de la série permet de couvrir ces thèmes sous des angles toujours renouvelés. L’animation n’a pas la richesse des longs métrages, faute de moyens, mais tire le meilleur de ces contraintes.

Ghost in the Shell: S.A.C. 2nd GIG, image Production I.G
Ghost in the Shell: S.A.C. 2nd GIG, image Production I.G

Stand Alone Complex a également été adapté sous la forme de livres, mangas et jeux vidéo. Mais il faudra attendre presque une dizaine année pour voir la franchise revenir.

Nouvelle série animée : « Arise »

Ghost in the Shell: Arise est un ensemble de cinq moyens métrages animés, sortis entre 2013 et 2015. Ils sont généralement présentés comme des prequels aux films et à la série d’origine. Plus exactement, il s’agit d’une nouvelle interprétation des personnages habituels, avec des évènements se déroulant à la formation de la Section 9.

Ghost in the Shell: Arise, image Production I.G
Ghost in the Shell: Arise, image Production I.G

Il existe également un long métrage de 2015 qui donne suite aux évènements de Arise. Attention, attention, ce film s’appelle Ghost in the Shell: The New Movie. À en croire les critiques sur Amazon, de nombreux acheteurs font la confusion en souhaitant acheter l’original.

L’animation pour Arise est d’excellente qualité, et les intrigues collent parfaitement au style de la franchise. Mais ces épisodes n’ont pas vraiment la profondeur des films, ni l’inventivité de Stand Alone Complex. Pas indispensables, donc, mais plutôt divertissants si vous aimez Ghost in the Shell.

« Ghost in the Shell » (2017)

Difficile de prédire comme va évoluer la franchise après la sortie du film américain. Indépendamment de son succès ou de son échec, les thèmes portés par Ghost in the Shell sont plus pertinents que jamais dans le contexte technologique, politique et sociétal actuel. La Section 9 et le Major ont de beaux jours devant eux.

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