Vincent Tourraine
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Autonomous, par Annalee Newitz

#critique #sci-fi #livre

Autonomous prend place dans un futur où les médicaments sont produits un peu comme sont produits les logiciels aujourd’hui. D’un côté, de puissantes entreprises tentent de garder le contrôle en réglementant la propriété intellectuelle. En parallèle, des hackers s’emploient à partager toutes ces informations gratuitement sur le net, et produisent eux-mêmes des médicaments pour les fournir au plus grand nombre.

Couverture Autonomous, image Tor Books
Couverture Autonomous, image Tor Books

« Over a century ago, scientists first began to argue that the patent system and scientific data should be opened up. Back then, it was popular for conservatives to claim that putting geneng into the hands of the public would result in mega-viruses or total species collapse. Open data would be the gateway to a runaway synthetic biology apocalypse. But now we know there has been no one great disaster—only the slow-motion disaster of capitalism converting every living thing and idea into property. »

Jack, le personnage principal du livre, est une de ces pirates. Elle vit dans un sous-marin, constamment en fuite pour échapper aux autorités qui veulent lui faire rendre des comptes. Elle se retrouve au centre d’un étrange phénomène, où certains de ses médicaments semblent provoquer des comportements auto-destructeurs chez ceux qui en prennent. Or, ce produit est une copie conforme d’un médicament officiellement distribué par un des grands laboratoires. Certains ont visiblement des choses à cacher, et Jack se sent l’obligation de rétablir la vérité.

Par ailleurs, quelques-uns des protagonistes du livre sont des robots humanoïdes. Certains esclaves, certains travaillant d’égal à égal avec leur collègues humains. Ils occupent une place particulière dans la société, avec des espaces conçus spécialement pour les robots, au détriment des humains. La plupart des robots cherchent une forme d’autonomie, en fonction de leur condition actuelle et du degré d’indépendance qui leur est permis.

« Med knew this model: standard military with vaguely human morphology and a lot of custom upgrades. One of the upgrades was a human brain, probably used mostly for facial recognition. »

Tout ça pour dire que le monde décrit dans Autonomous est très riche. Comme souvent avec ce genre de livre, il faut un certain temps d’adaptation, parfois une seconde lecture, pour bien saisir ce qui s’y passe. C’est un livre exigeant, mais enrichissant.

On sent qu’Annalee Newitz maîtrise parfaitement ces sujets (son expérience de journaliste scientifique y est sans doute pour quelque chose), ce qui permet de garder le cadre plausible, y compris pour les concepts les plus audacieux. Le livre rappelle Neuromancer, en donnant l’impression d’une fenêtre sur un futur pas si lointain, où la technologie s’intègre de façon inhabituelle à notre société.

De la science-fiction moderne, et différente.

« The sky was dense with layered geotags, information debris left by years of bot residents. »

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