Vincent Tourraine
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Indigo Weel, c’est mal parti

#vélo

Depuis quelques mois, une offre de vélos en libre-service, sans bornes, est arrivée à Grenoble. Les débuts étaient très prometteurs. Hélas la situation s’est rapidement dégradée.

Indigo Weel, le service en question, est disponible dans une dizaine de villes françaises. De nombreux articles ont déjà abordé les problèmes soulevés par ces services dockless/free-floating, en particulier concernant l’incivilité pour le stationnement (les vélos abandonnés n’importe où), et la surabondance de vélos inondant certaines villes (provoquée par la concurrence débridée entre services rivaux). C’est vrai dans certains pays, en particulier en Chine où ces services se sont développés, mais la situation ici me paraît bien différente.

Grenoble propose déjà la location de vélos depuis plusieurs années. Mais il ne s’agit pas du système classique avec des bornes en libre-service qu’on trouve par exemple à Lyon ou Paris. Même pour une location de courte durée, il faut déposer un dossier, pour ensuite récupérer son vélo. L’offre grenobloise est intéressante, et rencontre visiblement un grand succès. Mais Indigo Weel adresse un besoin bien différent, complémentaire. Il s’agit d’une utilisation plus ponctuelle, pour des cyclistes qui n’ont pas besoin d’un vélo tous les jours, mais qui souhaitent pouvoir se déplacer en vélo selon le besoin. C’est exactement mon cas.

Les premières semaines, tout se passait comme prévu. On trouvait facilement des vélos un peu partout, et ils étaient évidemment en très bon état. Je n’ai rencontré aucun problème à l’inscription. La première session est offerte, pour le reste il faut payer 50 centimes par demi-heure. Le service me plaisait beaucoup.

Trois mois plus tard, je constate que la situation a bien changé. Quand je vois un vélo Indigo Weel dans la rue, un sur deux est vandalisé, donc hors-système. Et quand le vélo est bien disponible, c’est souvent dans un mauvais état. Plus de béquille, dérailleur instable, QR code obstrué, sonnette arrachée. Pire, les quelques vélos que j’arrive encore à localiser avec l’application se trouvent souvent à l’intérieur d’immeubles ou de cours privées, donc inaccessibles.

Évidemment, le travail d’entretien de la flotte fait partie du service. On peut signaler un vélo endommagé dans l’application, et j’imagine que les équipes de réparation s’activent à traiter les problèmes. Peut-être que la situation va s’améliorer, peut-être même que des vélos neufs seront progressivement ajoutés à la circulation. Ou peut-être pas. Les moyens engagés à la réparation et la maintenance du parc sont peut-être insuffisants, et l’offre pourrait continuer à se dégrader rapidement, jusqu’à devenir inutilisable. Je ne sais pas, et je ne suis pas particulièrement optimiste.

Mais c’est vraiment dommage. À vrai dire, j’ai du mal à comprendre ce niveau d’incivilité. Face à cela, je peux facilement imaginer comment une entreprise privée (Indigo, c’est avant tout des parkings pour automobiles) faisant face à un lancement de produit aussi désastreux (puisque c’est bien de ça qu’il s’agit) abandonne rapidement pour limiter les pertes. Un organisme public peut parfois se permettre d’essuyer des coûts importants pour porter une certaine vision, mais ce n’est pas le cas avec Indigo Weel.

J’espère me tromper, et qu’il s’agit uniquement d’un début tumultueux. Je vais continuer à utiliser le service, et je constaterai bien comment évolueront les choses. Si j’arrive à trouver un vélo.